UNE NOUVELLE VIE POUR LA Rosée du matin
- par mail : justine.bergounhon@outlook.com
- par téléphone : 06 84 66 76 10
- par voie postale : La Rosée du Matin, Route de La Rosée du Matin, 48260 Nasbinals
Sur la montagne de Costerougnouse, à quelques encablures du village de Nasbinals, La Rosée du Matin, imposant chalet au solide bardage de bois, attend son heure. Elégante, bien ancrée au milieu des pâtures à 1200 mètres d’altitude, elle n’a pas pris une ride et reste un phare qui ne demande qu’à éclairer à nouveau cet océan de schiste et de granit, de frênes et de hêtres rabougris par la rudesse des hivers lozériens. Au mitan des années 60, au siècle dernier, c’est ici qu’à 23 ans Albert Bergounhon a concrétisé son rêve le plus fou : bâtir en ce lieu improbable la première discothèque de toute une région afin d’offrir un peu plus de vie, d’espoir et de convivialité à cette terre qui l’a vu naître.
Ses premières armes derrière le comptoir du café Pons à Paris, lui ont vite fait comprendre ce que représentait la terre natale, le poids des racines quand on doit migrer vers la capitale pour y faire son apprentissage du travail mais aussi de la vie. Il est d’ailleurs à l’image de son Aubrac, taiseux et généreux, humble et curieux, attaché à ses racines et tellement ouvert sur le monde. Au cœur de l’été 1966, la Rosée du Matin éclôt comme plus avant dans la saison les narcisses puis les gentianes. Malgré l’incrédulité des « natifs », ce lieu connaît d’emblée le succès. Le bouche à oreille fonctionne à merveille, le réseau des bistrots aveyronnais, lozériens et cantaliens de la capitale répand la bonne nouvelle : A La Rosée du Matin, un visionnaire que tout le monde connaît désormais sous le nom de « Bébert » vient d’ouvrir un lieu comme il n’en existe nulle part ailleurs. Albert Bergounhon a un riche carnet d’adresses et de solides convictions. De Montpellier, Clermont-Ferrand, d’Aurillac et bien sûr de Paris mais aussi des hameaux les plus reculés du plateau de l’Aubrac, on vient s’encanailler dans ce phare du bout du monde, là où tout est permis, sans préjugés hâtifs, sans barrières générationnelles, avec cette bienveillance que sait si bien distiller Bébert. Julien Clerc, Carlos, Véronique Samson, Mike Brant, David Alexandre Winter, Marcel Amont ou encore les Compagnons de la Chanson font salle comble. La descente du train à Aumont-Aubrac prend des allures de montée des marches du Festival de Cannes quand débarquent en Lozère les danseuses des plus grandes revues de cabarets parisiens.
Les voitures des clients au petit matin sous la neige devant La Rosée du Matin (années 60).
La Rosée du Matin s’étourdit dans les nuits les plus folles
Chaque année une armée de volontaires bat la campagne et même bien au delà pour inonder le pays de dizaines de milliers de flyers annonçant le programme des réjouissances. Bébert n’oubliera jamais d’où il vient et, amateur d’accordéon, il fait découvrir son royaume à Louis Corchia, André Verchuren ou encore Marcel Azzola. En 1980 c’est le groupe Little Bob Story, un habitué du Marquee, salle rock mythique de Londres qui vient mettre le feu à la Rosée du Matin, alors au sommet de sa notoriété. La Rosée du Matin s’étourdit dans les nuits les plus folles mais garde les pieds sur terre et nombreux sont ceux qui se rappellent ces soupes au fromage partagées au bout de la nuit pour prolonger encore un peu le rêve dans un monde de plus en plus intransigeant.Au début des années 80, Albert Bergounhon décide de créer un hôtel adossé au dancing mais l’insouciance des années 70 n’est plus que souvenirs et la concurrence oblige à réduire la voilure. Contre vents et marées, La Rosée du Matin va rester ces dernières décennies un lieu de rencontres, d’échange et de convivialité à travers les banquets, les mariages, les réveillons et les bals musette bien sûr, qui vont continuer d’écrire l’histoire de ce lieu si singulier. La disparition brutale d’Albert Bergounhon au printemps 2012 va être un vrai choc pour toute la population de cet Aubrac qu’il aimait tant. Trois ans vont s’écouler sans que ses filles Sophie et Justine, et Nanou, leur mère, ne touchent au moindre verre, au moindre tabouret. Comme s’il fallait tout ce temps pour mieux mesurer le vide laissé par son départ. Louée un temps à la Maison Bastide pour y ramener une vie nocturne et festive, La Rosée du Matin a su courber l’échine pour traverser les épreuves. Si ce phare qui a si longtemps balayé l’horizon bien au delà du plateau de l’Aubrac s’est un moment mis en veille, il ne s’est jamais éteint.
Albert Bergounhon à La Rosée du Matin dans les années 70.
Rayonner encore plus loin
Une nouvelle vie va commencer pour ce lieu mythique. Bébert aurait sûrement aimé le nom donné à l’association, dirigée par Sophie, une de ses deux filles, qui va désormais veiller aux destinées de La Rosée du Matin : « Abri d’Utopies Baroudeuses Rurales Artistiques et Culturelles », tout un programme qui se cache derrière cet « A.U.B.R.A.C. ». Sophie Bergounhon est une enfant de la balle qui a fait ses premiers pas aux côtés de son père à La Rosée du Matin. Dans sa petite enfance, elle s’est naturellement imprégnée du lieu, de son ambiance mais aussi des valeurs portées par son papa. Avec Nanou, sa mère, elle a découvert le monde des arts de la rue et du cirque en l’accompagnant sur les festivals. Aujourd’hui avec Loïc Escaffit à ses côtés et qui développera l’axe des musiques actuelles, Sophie assurera la programmation des arts de la rue et du cirque.
Développement d’une programmation artistique et culturelle à destination de tous les publics et sur l’ensemble du plateau de l’Aubrac, soutien à la création artistique, lieu de résidences, actions de médiation, le phare de La Rosée veut éclairer à nouveau l’horizon de tous les possibles. Sophie sait l’importance d’être une passeuse entre ces générations qui un jour ont trouvé à La Rosée du Matin un peu de réconfort ou de bonheur et celles qui aujourd’hui cherchent une autre version du vivre ensemble.
Danser, s’émerveiller, créer des moments de partage et de convivialité, rêver d’une nouvelle manière d’habiter le monde dans une démarche solidaire et éco-responsable, Sophie et Loïc tracent un chemin qui fait déjà rêver. Le phare de La Rosée du Matin n’attendait que cela pour rayonner encore plus loin.
Développement d’une programmation artistique et culturelle à destination de tous les publics et sur l’ensemble du plateau de l’Aubrac, soutien à la création artistique, lieu de résidences, actions de médiation, le phare de La Rosée veut éclairer à nouveau l’horizon de tous les possibles. Sophie sait l’importance d’être une passeuse entre ces générations qui un jour ont trouvé à La Rosée du Matin un peu de réconfort ou de bonheur et celles qui aujourd’hui cherchent une autre version du vivre ensemble.
Danser, s’émerveiller, créer des moments de partage et de convivialité, rêver d’une nouvelle manière d’habiter le monde dans une démarche solidaire et éco-responsable, Sophie et Loïc tracent un chemin qui fait déjà rêver. Le phare de La Rosée du Matin n’attendait que cela pour rayonner encore plus loin.
Patrick Le Roux, le 05 avril 2024
(ancien journaliste à Libération et à L’Équipe)
La nouvelle équipe de La Rosée du Matin (de gauche à droite) :
Loïc Escaffit, Thérèse Toustou, Sophie Bergounhon et Michel Poudevigne.