L’HISTOIRE DE LA Rosée DU MATIN

Convaincue qu’une nouvelle histoire ne peut s’écrire sans tenir compte de celle qui la précède et ayant à cœur de la transmettre, l’équipe lance un appel à témoignages pour retisser la mémoire de ce lieu devenu un patrimoine commun à celles et ceux qui le rendent vivant.

UNE NOUVELLE VIE POUR LA Rosée du matin

Sur la montagne de Costerougnouse, à quelques encablures du village de Nasbinals, La Rosée du Matin, imposant chalet au solide bardage de bois, attend son heure. Elégante, bien ancrée au milieu des pâtures à 1200 mètres d’altitude, elle n’a pas pris une ride et reste un phare qui ne demande qu’à éclairer à nouveau cet océan de schiste et de granit, de frênes et de hêtres rabougris par la rudesse des hivers lozériens. Au mitan des années 60, au siècle dernier, c’est ici qu’à 23 ans Albert Bergounhon a concrétisé son rêve le plus fou : bâtir en ce lieu improbable la première discothèque de toute une région afin d’offrir un peu plus de vie, d’espoir et de convivialité à cette terre qui l’a vu naître.

Ses premières armes derrière le comptoir du café Pons à Paris, lui ont vite fait comprendre ce que représentait la terre natale, le poids des racines quand on doit migrer vers la capitale pour y faire son apprentissage du travail mais aussi de la vie. Il est d’ailleurs à l’image de son Aubrac, taiseux et généreux, humble et curieux, attaché à ses racines et tellement ouvert sur le monde. Au cœur de l’été 1966, la Rosée du Matin éclôt comme plus avant dans la saison les narcisses puis les gentianes. Malgré l’incrédulité des « natifs », ce lieu connaît d’emblée le succès. Le bouche à oreille fonctionne à merveille, le réseau des bistrots aveyronnais, lozériens et cantaliens de la capitale répand la bonne nouvelle : A La Rosée du Matin, un visionnaire que tout le monde connaît désormais sous le nom de « Bébert » vient d’ouvrir un lieu comme il n’en existe nulle part ailleurs. Albert Bergounhon a un riche carnet d’adresses et de solides convictions. De Montpellier, Clermont-Ferrand, d’Aurillac et bien sûr de Paris mais aussi des hameaux les plus reculés du plateau de l’Aubrac, on vient s’encanailler dans ce phare du bout du monde, là où tout est permis, sans préjugés hâtifs, sans barrières générationnelles, avec cette bienveillance que sait si bien distiller Bébert. Julien Clerc, Carlos, Véronique Samson, Mike Brant, David Alexandre Winter, Marcel Amont ou encore les Compagnons de la Chanson font salle comble. La descente du train à Aumont-Aubrac prend des allures de montée des marches du Festival de Cannes quand débarquent en Lozère les danseuses des plus grandes revues de cabarets parisiens.

Les voitures des clients au petit matin sous la neige devant La Rosée du Matin (années 60).


La Rosée du Matin s’étourdit dans les nuits les plus folles

Chaque année une armée de volontaires bat la campagne et même bien au delà pour inonder le pays de dizaines de milliers de flyers annonçant le programme des réjouissances. Bébert n’oubliera jamais d’où il vient et, amateur d’accordéon, il fait découvrir son royaume à Louis Corchia, André Verchuren ou encore Marcel Azzola. En 1980 c’est le groupe Little Bob Story, un habitué du Marquee, salle rock mythique de Londres qui vient mettre le feu à la Rosée du Matin, alors au sommet de sa notoriété. La Rosée du Matin s’étourdit dans les nuits les plus folles mais garde les pieds sur terre et nombreux sont ceux qui se rappellent ces soupes au fromage partagées au bout de la nuit pour prolonger encore un peu le rêve dans un monde de plus en plus intransigeant.Au début des années 80, Albert Bergounhon décide de créer un hôtel adossé au dancing mais l’insouciance des années 70 n’est plus que souvenirs et la concurrence oblige à réduire la voilure. Contre vents et marées, La Rosée du Matin va rester ces dernières décennies un lieu de rencontres, d’échange et de convivialité à travers les banquets, les mariages, les réveillons et les bals musette bien sûr, qui vont continuer d’écrire l’histoire de ce lieu si singulier. La disparition brutale d’Albert Bergounhon au printemps 2012 va être un vrai choc pour toute la population de cet Aubrac qu’il aimait tant. Trois ans vont s’écouler sans que ses filles Sophie et Justine, et Nanou, leur mère, ne touchent au moindre verre, au moindre tabouret. Comme s’il fallait tout ce temps pour mieux mesurer le vide laissé par son départ. Louée un temps à la Maison Bastide pour y ramener une vie nocturne et festive, La Rosée du Matin a su courber l’échine pour traverser les épreuves. Si ce phare qui a si longtemps balayé l’horizon bien au delà du plateau de l’Aubrac s’est un moment mis en veille, il ne s’est jamais éteint.
Albert Bergounhon à La Rosée du Matin dans les années 70.

Rayonner encore plus loin

Une nouvelle vie va commencer pour ce lieu mythique. Bébert aurait sûrement aimé le nom donné à l’association, dirigée par Sophie, une de ses deux filles, qui va désormais veiller aux destinées de La Rosée du Matin : « Abri d’Utopies Baroudeuses Rurales Artistiques et Culturelles », tout un programme qui se cache derrière cet « A.U.B.R.A.C. ». Sophie Bergounhon est une enfant de la balle qui a fait ses premiers pas aux côtés de son père à La Rosée du Matin. Dans sa petite enfance, elle s’est naturellement imprégnée du lieu, de son ambiance mais aussi des valeurs portées par son papa. Avec Nanou, sa mère, elle a découvert le monde des arts de la rue et du cirque en l’accompagnant sur les festivals. Aujourd’hui avec Loïc Escaffit à ses côtés et qui développera l’axe des musiques actuelles, Sophie assurera la programmation des arts de la rue et du cirque.

Développement d’une programmation artistique et culturelle à destination de tous les publics et sur l’ensemble du plateau de l’Aubrac, soutien à la création artistique, lieu de résidences, actions de médiation, le phare de La Rosée veut éclairer à nouveau l’horizon de tous les possibles. Sophie sait l’importance d’être une passeuse entre ces générations qui un jour ont trouvé à La Rosée du Matin un peu de réconfort ou de bonheur et celles qui aujourd’hui cherchent une autre version du vivre ensemble.

Danser, s’émerveiller, créer des moments de partage et de convivialité, rêver d’une nouvelle manière d’habiter le monde dans une démarche solidaire et éco-responsable, Sophie et Loïc tracent un chemin qui fait déjà rêver. Le phare de La Rosée du Matin n’attendait que cela pour rayonner encore plus loin.

Patrick Le Roux, le 05 avril 2024
(ancien journaliste à Libération et à L’Équipe)

La nouvelle équipe de La Rosée du Matin (de gauche à droite) : 
Loïc Escaffit, Thérèse Toustou, Sophie Bergounhon et Michel Poudevigne.

APPELs à Témoignages spéciaux

événement spécial

« L'AMOUR à LA Rosée » 
  1966 - 2025

COLLECTE DE Témoignages
Vous avez vécu une histoire d’amour à La Rosée ? Le souvenir d’un flirt, d’une belle rencontre qui vous a marqué ? D’un mariage pluvieux ou ensoleillé…?

Des baisers volés, des vœux échangés, des amours passionnées, certaines pour la vie, d’autres le temps d’un été… L'association La Rosée du Matin - A.U.B.R.A.C. souhaite rendre hommage à tous les morceaux d’amour que la salle de La Rosée a eu et aura toujours à cœur d’abriter entre ses murs.

PLUS D'INFORMATIONS

En presque 60 ans d’existence, La Rosée du Matin en a vu des soleils se lever sur de belles histoires.  Dans le cadre de son travail mémoriel sur l’histoire du lieu et de la collecte de témoignages débutée à l’été 2024, l’association La Rosée du Matin - A.U.B.R.A.C. lance aujourd’hui un appel sur le thème de l’amour… à la Rosée !

Quand ?
Du 14 février au 14 mai 2025. 

A qui s’adresse cet appel ?
A tous.te.s celles et ceux qui sont passé.e.s un jour à La Rosée du Matin et qui ont des souvenirs/anecdotes à partager ! 

Pour quoi faire ?
Transmettre l’histoire du lieu par la parole de celles et ceux qui la rendent vivante :
  • la faire découvrir à celles et ceux qui la découvrent aujourd’hui
  • enrichir le fonds d’archives du lieu et de l’association
  • valoriser cette histoire en la rendant accessible à tous.te.s (sur nos différents supports de médiation : site internet, réseaux sociaux, expositions…)
  Comment participer ?
  • En mettant vos souvenirs par écrit sur la page « Histoire » de notre site internet : www.laroseedumatin.art (via le formulaire ci-contre/ci-dessous sur téléphone)
  • En nous contactant par téléphone au 06 84 66 76 10
  • En nous partageant une archive (photographie, faire-part et/ou photographie de mariage, affiche, programme…n’importe quel objet ou document associé à un souvenir particulier !) 
Contact :
Justine Bergounhon
Référente Mémoire et P.C.I de La Rosée du Matin - A.U.B.R.A.C.
37, Route de La Rosée du Matin – 48260 NASBINALS

RACONTEZ-NOUS !

Recherche